Le voyage du Sotize de Kingston, Ontario jusqu'à la Baie Georgienne, lac Huron. L'expédion emprunte le canal Trent Severn.
dimanche 6 juillet 2014
Retour à la réalité
Nous sommes de retour à notre marina de Parry Sound Harbour.
C'est notre dernière soirée sur le Sotize. Demain c'est le long retour vers le lac Blanc qui nous attends. Les choses à faire se sont empilées là bas pendant notre absence de cinq semaines. Le périple qui a débuté à Kingston et qui se termine à Parry Sound tire à sa fin mais n'est pas complètement terminé. Nous serons de retour dans cette marina vers la fin de septembre pour une dernière semaine de navigation qui cloturera la saison 2014. Après, ce sera la sortie de l'eau et le grand dodo hivernal du Sotize en attendant des températures plus clémentes.
À plus et merci de nous avoir suivi. :)
jeudi 3 juillet 2014
Rednecks
Ma voisine dont le bateau est attaché à un quai délabré que Parc Ontario n'entretient plus me crie 'REDNECKS' en riant. Nous sommes ancrés par l'avant et attachés à un arbre par l'arrière dans la petite baie Regatta. Regatta, c'est une petite baie abritée de l'île Franklin. L'entrée dans la baie est difficile à négocier. Faut pas enlever ses lunettes pour passer là comme dirait l'autre mais l'effort en vaut la peine.
J'observe donc aux jumelles les agissements des trois individus qui viennent d'arriver. Ils débarquent et commencent à arracher des planches du mauvais quai auquel ils se sont attachés. Ils les empilent près de leur bateau avec d'autres bouts de bois qu'ils ramassent ici et là. Ensuite, ils trainent la table à picnic du site jusqu'au bateau. Le tout est bien empilé sur l'embarcation et c'est un départ pour une île voisine. Ayant probablement tout brulé ce qui était brulable sur l'île où ils sont installés, ils sont venus s'approvisionner sur notre île. Les tables à picnic, ça brule tellement bien. C'est réconfortant de constater que les Ontariens sont pareils aux Québécois. :)
mercredi 2 juillet 2014
Prisionniers
Prisonniers de Pointe au Baril
Nous sommes ancrés dans Hopewell Bay depuis environs trois heures lorsque l'orage nous rentre dedans. Il n'y a que nous à cet endroit. C'est un ancrage recommandé dans le guide Ports que nous traînons avec nous depuis le début de l'expédition. C'est pas idéal. La baie est étroite et orientée est-ouest. Le vent était du sud depuis plusieurs heures puis a tourné subitement à l'ouest lorsque le déluge nous est tombé dessus. La pluie tombe horizontalement. Le vent tac probablement à 75 km/h. Comme tous les orages d'été c'est terminé au bout de quinze à vingt minutes. Je branle dans le manche à savoir si nous allons changer de place. Malheureusement il n'y a pas beaucoup de choix dans le coin. Nous restons donc ici. Nous passons une nuit tranquille. Le lendemain matin l'horizon est occulté par de gros nuages noirs. La météo de la Garde Côtière sur la radio VHF annonce que dans le North Chanel c'est la tempête. Vents de 45 noeuds (90 km/h) pluie et grèle. C'est pas assez loin de nous pour ne pas m'inquiéter. Nous levons l'ancre et prenons la direction de Pointe au Baril Station, le refuge le plus proche, malgré le couvert oppressant. Je force l'allure et au bout d'une heure, nous sommes attachés au quai municipal en sécurité. Quatre gros bateaux moteurs et un voilier vont venir nous rejoindre pour se cacher des éléments comme nous l'avons fait. Le lendemain, impossible de repartir, un vent de 25 noeuds nous cloue au quai. Le canal de 4 milles que nous avons suivi pour arriver ici a une forme d'entonnoir dont l'extrémité la plus étroite est Pointe au Baril Station. Le vent d'ouest s'engouffre dans cet entonnoir et nous empêche de sortir de la rade étroite. Nous sommes prisonniers ici jusqu'à ce que la météo change. Il nous reste seulement quatre bières et une bouteille de vin. La situation est critique :)
Hopewell Bay
Les réfugiés
La capitainerie de P-A-B
Le magasin général a gauche
samedi 28 juin 2014
Killbear
Trois jours à courir les magasins de Parry Sound se sont écoulés. Il est temps de repartir vers le nord. La température est splendide. Le ciel est clair et dépourvu de tous nuages, le vent est faible, l'idéal pour naviguer. Sur les Grands Lacs, il faut toujours vérifier la météo avant de se lancer. Sur la côte est, le fetch peut générer des vagues de six pieds avec un vent d'ouest de seulement 15 noeuds. Si ça se morpionne une fois qu'on est en route, on se trouve un trou pour se cacher et attendre que ça passe.
Le lendemain de notre passage à Port Severn, à l'embouchure de la baie Georgienne, ils se sont tapé une tornade qui a endommagé une centaine de maisons dont 10 doivent être démolies. La couronne de gros cumulus qui nous entourait au moment de notre passage m'avait effectivement inquiétée. Les gens de la marina de Parry Sound croyaient que nous avions été pris dans la tourmente.
C'est donc par une magnifique journée que nous arrivons à notre première escale, la baie Kilcoursie. C'est un ancrage désigné sur les cartes. La baie est protégée de tous les vents sauf ceux venant du sud. Elle fait partie du parc provincial Killbear. Trois kilomètres de plages de sable et un camping de 600 places qui s'étire tout le long de la baie. Nous allons foirer là pendant deux jours.
Parry Sound Harbour
Bateaux ancrés, baie Kilcoursie
Danielle au travail
René
Ça fait vingt minutes que nous sommes assis à la terrasse du Boston Pizza de Parry Sound à téter deux grosses bières. Parry Sound, c'est notre port d'attache pour les deux prochaines années. Nous avons loué un quai à la marina Parry Sound Marine et le bateau va faire dodo ici l'hiver prochain. Danielle me dit qu'elle voit une personne qui marche sur le trottoir et qui ressemble à René. René Lebeau, c'est un pote des Escadrilles Canadiennes de Plaisance, une organisation qui donne de la formation dans l'art et la science qu'est la navigation sur l'eau. René a un bateau guenille, le Amistad. Bateau guenille, cure dent, ce sont des expressions pas méchante que les motorisés comme nous donnons aux voiliers. Nous savons que son bateau est dans la baie Georgienne. Il a fait les écluses du canal Trent Severn l'année passée. Nous savons aussi que sont bateau est stationné sur la côte ouest de la baie. Nous sommes sur la côte est présentement.
Je jette un coup d'oeil. Non, c'est pas lui. Erreur! Il nous a remarqué et monte sur la terrasse.
Finalement, le monde est bien petit. Nous allons passer deux jours à shopper et à bouffer dans les restos du bled puis ce sera le départ pour lui vers sa marina à Penetanguishene.
lundi 23 juin 2014
Pollen
Pollen
Depuis que nous sommes dans la baie Georgienne, l'eau est claire et froide. La baignade est très tonifiante. Une chose est étrange toutefois. C'est ce pollen jaune que l'on voit partout sur l'eau. Il y en a vraiment partout. Sur le bateau, dans le bateau, sur les quais. Je nettoie le paneau solaire et une heure plus tard il faut recommencer. On doit en respirer des quantités impressionnantes.
Je me demande bien ce que ça peut être?
Echo Bay
Echo Bay
Nous sommes dans le parc provincial Massasauga. 13,000 hectares de berges sur la baie Georgienne. Il y a 329 parcs provinciaux en Ontario. On peux camper, faire de la randonné à pied ou à vélo et toutes sortes d'activités de plein air comme dans les parcs au Québec. Mais il n'y a rien de comparable au parc Massasauga au Québec. La plus grande partie du parc n'est principalement accessible que par l'eau ce qui en fait un terrain de jeu idéal pour les boaters.
Contrairement aux parc de Parc Canada, dans le Massasauga il n'y a pas de services comme des quais, des chiottes et la collecte de déchets pour ceux qui y pénètrent par voie d'eau. Il n'y a que des endroits pour s'ancrer. C'est le bush et la nature sauvage. Pour effectuer un séjour prolongé, ce qui compte c'est l'autonomie du bateau. La réserve d'eau potable, la capacité du réservoir à caca, la génération d'électricité, le fuel, etc...
Le Sotize est très bien équipé pour un séjour prolongé. Cela fait une semaine que nous n'avons pas arrêté dans une marina pour s'approvisionner. C'est la réserve de bibine et de bouffe presque épuisée qui va nous forcer à retourner à la civilisation.
Serpent
13:30h, South Chanel, 30,000 îles, Baie Georgienne en direction de Parry Sound.
Un serpent est monté sur le bateau. Il a une queue avec une sonnette au bout comme dans les vues.
Est-il dangereux?
Henry's
En route vers le parc provincial Massasauga pour passer la nuit dans une petite baie abritée, Echo Bay, un arrêt chez Henry's est obligatoire. C'est Danielle qui dit ça.
Côté dans le Top 100 de la publication référence 'Saveur Magazine' c'est supposément LE resto pour bouffer du poisson des Grands Lacs. Qu'on arrive par air, par terre ou par eau il y a toujours de la place chez Henry's. Pour l'arrivée par eau, c'est pas de la frime, il y a de la place pour au moins 40 gros bateaux aux quais. Nous arrivons un peu trop de bonne heure. La place ouvre à 11:00h et il est 10:15h. Normalement nous aurions du arriver plus tard mais la nuit précédente a été courte. Le mauvais ancrage de la nuit passée dans Indian Harbour et un changement dans la direction du vent du nord au sud au début du jour nous a forcé à partir à 05:00 du matin.
Après avoir englouti des assiettes de cochon de Fish&Chips, le tout arrosé d'une bonne Bleu bien fraîche c'est le temps de reprendre la route vers le nord.
samedi 21 juin 2014
Pan Heads vs Bone Heads
Beausoleil Island, Frying Pan Bay.
Nous avons passé une nuit dans la Frying Pan Bay. En arrivant dans la baie nous avons été surpris de la quantité de bateaux qu'il y avait. C'était pas une armé mais après deux jours tout seul à Wana Keta, ça surprend de voir 7 gros bateaux au même endroit. C'est une clientèle pépère. Couchés à huit heures et levés à la même heure le lendemain, ils sont vraiment pas bruyants. Ils se surnomment les 'Pan Heads'. Mon voisin me demande quelle est ma prochaine escale. Je lui dis Bone Island. Il s'esclaffe et me dit que je vais connaître les 'Bone Heads'. Une bande de 'party animals' qui investissent les quais du parc le vendredi et qui ne désoulent que le dimanche soir. Les Pan Heads disent que les Bone Heads se couchent tard et sont très bruyants. Finalement on ne le saura pas parce qu'on a décampé de Bone Island vendredi matin. J'écris ce blog ancré dans Indian Harbour. Nous allons passer la nuit ici. C'est un peu trop passant à mon goût mais il est trop tard pour changer d'idée. Il vient juste de passer une douzaine de Seadoos. C'est un club. Ça semble une façon intéressante de voyager. J'ai fait des photos. Ils en veulent des copies.
Voyager en Seadoo
mercredi 18 juin 2014
Écluse 45
Ça y est.
488 Km plus loin.
15 jours plus tard.
49 heures de moteurs.
300 démarrages et arrêts.
45 écluses traversées.
It's a Bingooooo.
Nous venons de descendre la dernière écluse de la voie navigable Trent Severn. Nous entrons enfin dans la baie Georgienne. Après tout ce temps passé à naviguer dans des rivières et des passes étroites, cette immense étendue d'eau a quelque chose d'intimidant. Bon faut pas relâcher la vigilance quand même. Ça ne fait pas trente minutes que nous progressons que nous sommes forcés de ralentir l'allure. Nous devons passer un chenal étroit d'à peine vingt pieds de large et de cinq pieds de profondeur au beau milieu de cette immensité d'eau. Une chance qu'il est bien balisé. Avec des tournants à 90 degrés, faut pas enlever ses lunettes comme dirait l'autre.
Notre objectif, c'est l'île Beausoleil. L'île entière est un parc fédéral administré par Parc Canada. C'est comme dans les Mille-Îles. Il y a des quais dans plusieurs des baies qui ceinturent l'île. Premier arrivé, premier servi. Nous allons nous trouver une petite baie tranquille et foirer là quelques jours le temps de prendre le pouls de la région.
Wana Keta. L'endroit est parfait. Il y a déjà un autre bateau mais les quais peuvent prendre au moins une dizaine de bateaux. Ça fait pas quinze minutes qu'on est installés que deux autres bateaux arrivent. Deux bateaux moteurs, trois gars dans chaque bateau. Ils se connaissent. Sitôt attachés la musique démarre et le mot d'ordre est 'Let's party!'
Le bateau à côté du Sotize était là le premier. C'est une petite famille. Deux femelles russes (elles se parlent en russe selon les partouzeux) filiformes, un rondouillet Torontois et un jeune garçon.
Ça ne prend pas quinze minutes qu'ils ramassent leurs cliques et leurs claques et foutent le camp. Personnellement je trouve les bouzeux qui partouzent assez sympathiques (ils nous offrent toute sorte de choses à bouffer) jusqu'à ce que l'un d'eux, plus taré que les autres, se mette à hurler au loup à trois heures du matin sur le quai.
Le lendemain matin c'est le déluge. Les six gueules de bois ramassent leurs cliques et leurs claques à leur tour et foutent le camp aussi.
Enfin la paix.
The last lock
Canal étroit
Eau peu profonde
My private beach
La paix
lundi 16 juin 2014
Terrible
Terrible. C'est le mot que Danielle a écrite dans le journal de bord du Sotize après notre passage dans l'écluse 44, Big Chute.
L'écluse Big Chute est un ber roulant. Ce serait le seul en Amérique du nord. C'est un espèce de gros 'trailer' à bateaux monté sur des rails. Il parcoure une distance de 600 pieds sur terre en moins de 10 minutes pour faire passer les bateaux d'une rive à l'autre. Le changement d'élévation entre les deux plans d'eau est d'environs 50 pieds. Les bateaux qui veulent monter ou descendre entrent dans la remorque qui est partiellement immergée dans l'eau et s'immobilisent à l'endroit indiqué par les éclusiers. Des sangles géantes sortent du plancher et soulèvent légèrement les bateaux. La remorque se met à avancer et sort de l'eau. Les bateaux sont suspendus dans les airs.
Nous approchons du ber roulant en sortant de la rivière. Le 45 pieds en avant et moi derrière. C'est à ce moment que les haut-parleurs de l'écluse crachent des ordres. Je dois passer en avant et entrer le premier dans l'engin. C'est pas de bol. J'aurais préféré que l'autre passe en premier pour voir comment ça se passe. Le 45 pieds se tasse et toutes défenses enlevées (comme demandé) je pénètre dans le monstre. Les opérateurs me font avancer-reculer-avancer-stop et les courroies sortent du plancher. Je sens le Sotize qui est délicatement soulevé. Le 45 pieds emboite le pas. Les deux bateaux bien immobilisés le ber se met à avancer. . C'est impressionnant. C'est haut. L'engin traverse la rue. La circulation automobile est arrêtée. Puis la pente s'inverse et ça commence à descendre. C'est encore plus impressionnant. On se demande si le bateau ne va pas partir tout seul par en avant. Finalement arrivé en bas, le ber entre dans l'eau et le bateau se remet à flotter. Pfiou....
On entre dans le ber
Le 45 pieds en approche
Le ber sort de l'eau
On traverse la rue
Ca va descendre
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